Je ne garde pas un très bon souvenir de ma première tournée d’Halloween 1953. À cette époque à St-Vincent-de-Paul (Laval), là où je demeurais, tout le monde se connaissait et rares étaient les familles sur ma rue qui pouvaient se permettre autre chose qu’un masque. Gisèle, ma sœur aînée nous accompagnait mon frère, mon autre sœur et moi.

Je frappe à une porte, « La charité s’il-vous-plaît », tout va bien on nous répond avec chaleur et cela va ainsi encore pour quelques maisons. Vient ensuite ce vieil homme grincheux, qui a détruit une partie de mes rêves et dont je me souviens encore de son nom. C’était un temps de ma vie où j’étais vraiment très gêné et ce « Monsieur » voulait voir mon visage pour savoir à qui il donnait. J’ai donc refusé d’enlever mon masque et ça été mon malheur car il me l’a arraché. Je suis partie en courant jusque chez moi le visage en larmes et le masque en plusieurs morceaux. Mon père s’est donc rendu chez le monsieur en question pour lui demander s’il n’avait pas honte de ce qu’il faisait aux enfants. M. « X » a voulu remboursé papa pour le masque mais il a refusé. Qu’est-ce qu’un objet par rapport aux rêves perdus.
Par la suite, personne chez nous n’a plus porté de ces masques. Maman nous maquillait avec les moyens du bord : rouge à lèvres et le « souffre » des allumettes éteintes. Ensuite
Papa étant malade et le travail se faisant plus rare, on composait nos costumes avec ce qu’on avait sous la main, pantalon tout rapiécé et chemise de flanelle, linge de travail de papa qui était journalier en construction. Tout s’est très bien déroulé par la suite.
Donc attention vous les grands, il suffit d’une fois pour réduire à néant les espoirs d’un enfant.
Lise Jolin
Mots-clés: Masque