Membertou, grand sagamo micmac
Membertou était le chef ou sagamo d’une bande micmaque alliée des Français en Nouvelle-France.
En 1607, selon Marc Lescarbot, il aurait eu plus de 100 ans. Sa date de naissance fut cependant fixée à l’an 1510. Le vieux chef affirmait avoir connu Jacques Cartier alors qu’il était, lui, déjà marié et père de famille. Exagération probable puisque son fils aîné avait environ 60 ans en 1610, avec des enfants tout jeunes !
Membertou dirigeait et protégeait une communauté de Micmacs, chasseurs et pêcheurs du bassin de la rivière et du havre de Port-Royal (Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse) et des bords de la baie Sainte-Marie. Même si les jeunes gens étaient à son service et les hommes mariés lui payaient tribut, l’honneur était son meilleur bénéfice. Il doublait son prestige et son autorité de sagamo par sa qualité de chaman, prédisant l’issue des chasses ou de la guerre et le rétablissement ou non des malades.
On mentionne que, physiquement, Membertou possédait une caractéristique rare chez les autochtones : il était barbu.
Le 24 mai 1603, Samuel de Champlain, fondateur de Québec, et le grand chef Membertou auraient formulé des vœux de bon voisinage, preuve d’un grand esprit de concorde et de coopération en vue de l’établissement de rapports productifs entre Autochtones et Français.
En 1605, Membertou se trouva davantage en vedette quand Du Gua de Monts s’installa à Port-Royal. Être l’hôte des Européens était un avantage qui suscita la jalousie de ses congénères sagamos. Très estimé des Français, il leur fut indéfectiblement fidèle. Ainsi, abandonnée un temps à sa garde, l’habitation de Port-Royal ne subit aucune dilapidation. Son amitié pour Jean de Biencourt de Poutrincourt fut exemplaire.
De ses exploits guerriers, on ne connaît qu’un événement, aussi fabuleux qu’historique : En 1607, une expédition à la rivière Chouacouët (aujourd’hui Saco) pour venger l’assassinat de son client et gendre, Panounias ; de cette expédition, il revint sans prisonnier, après avoir tué 20 hommes, en avoir blessé une dizaine, et n’avoir perdu aucun des siens.
Ce sagamo se distingue surtout pour avoir été le premier indien à recevoir le baptême en Nouvelle-France. En 1610, Poutrincourt, financièrement dépourvu et pressé de s’établir en Acadie, conçut l’idée de faire de l’argent sous forme de cadeaux du roi Henri aux indiens néophytes. Il fit donc rechercher les Micmacs, dispersés pour la pêche, pour les faire baptiser par le prêtre Jessé Fléché. C’est ainsi que la famille de Membertou, 21 personnes, reçut solennellement le baptême, sans préparation catéchétique particulière, le 24 juin. Le chef reçut le nom du roi; sa femme, Marie, celui de la reine; son fils aîné, celui du dauphin, Louis.
Henri Membertou, aussi ignorant que les autres en christianisme, montra cependant des dispositions remarquables. Il renonça à la fonction chamanique, assuma ses responsabilités chrétiennes au mieux de ses connaissances et demanda aux missionnaires d’apprendre le micmac pour le catéchiser et partager leur apostolat. Il refusa pour lui-même la polygamie coutumière aux sagamos.
À la fin d’août 1611, souffrant de dysenterie, il s’en vint à Port-Royal où il mourut le dimanche 18 septembre, après démêlés entre les siens et les Jésuites à propos du lieu de son inhumation.
À sa mémoire, un monument fut érigé à Annapolis Royal en 1985.
Le 29 mai dernier, le Pape Benoît XVI a désigné le Cardinal Marc Ouellet son Envoyé spécial au IVième centenaire du baptême du premier chef indien, Membertou, qui sera célébré à Chapel Island, Nouvelle-Écosse, le 1er août 2010.
Sources :
Vatican Informations Service (V.I.S.)
www.pc.gc.ca
TAGORIA – Les Peuples Amérindiens
Dictionnaire biographique du Canada en ligne
CyberAcadie
Mots-clés: Membertou Acadie Champlain Poutrincourt Autochtones Christianisme Port-Roya