Isaïe Jolin père appartenait à la troisième génération de conteurs d’histoires de sa famille. Il a donc prit la succession de son grand-père Michel et son père Damase (mon arrière-grand-père).
Isaïe Jolin était l’époux de Amanda Quirion, le père de Isaïe et le frère de mon grand-père Fridolin Jolin.
Isaïe Jolin était un conteur fabuleux et il fut très populaire dans les camps de bûcherons et de draveurs. Il n’était pas payé pour le faire, mais bénéficiait cependant de certains honneurs et privilèges. Le soir où il devait raconter, il pouvait rentrer au camp avant les autres. Le soir venu, les bûcherons et les draveurs se réunissaient autour du conteur pour vivre quelques heures de rêves ou de fantaisie. Onze de ses contes furent publiés par les « Éditions Quinze », en 1976. En 1965, il avait 84 ans. Il fit le récit de 15 contes parmi les 50 qu’il savait.
Son père Damase – fils de Michel Jolin et Émilie Thibodeau - . en savait une centaine et c’est en l’entendant les raconter qu’il avait appris. Les contes d’Isaie sont classés : contes merveilleux. Dans le Légendaire de la Beauce, on a mentionné 2 de ses contes : « Le corps sans âme » et Cœur de l’ogre dans l’œuf », en pages 109 et 126. Le but des contes est avant tout de récréer et distraire parents et amis… et surtout, fournir une évasion pour les hommes éloignés de leur famille dans les chantiers. Un conte n’est pas un mythe car il ne véhicule pas aucune croyance. Il n’est pas une légende non plus car il ne répond pas sur des faits historiques comme celle-ci. Les conteurs ne créent pas ses contes. Il modifie ceux qu’il entend selon ses propres sentiments. Il existe 4 sortes de contes : les contes d’animaux, les contes merveilleux dont magique – religion et ogres, les contes à rire et enfin les contes sans fin ou formules (séries attrape-nigauds).
Isaïe Jolin a passé 25 ans de sa vie dans les camps éloignés. Les deux derniers étés de sa vie, il demeurait dans un petit camp situé seulement à 2 arpents de la maison de son fils Isaïe. Comme loisirs Isaïe (père) sculptait des chevreuils de bois et découpait des écureuils en tôle. En hiver, il allait à l’hospice de madame Breton, à St-Benoît.
Pour donner vie à ses récits, il faisait les dialogues avec différentes intonations de voix selon ses personnages. Il contait les yeux fermés et se berçait lentement. Il commençait toujours ses contes par :
« Une bonne fois, je vais vous conter, vous raconter,
tant de vérités, tant de mentries, plus je mens, plus je veux mentir… »
Les contes de mon grand oncle Isaïe Jolin sont enregistrés sur cassettes et déposés aux Archives de Folklore de l’université Laval, à Québec, de même qu’au Musée National du Canada, à Ottawa.
Lise Jolin
Bibliographie :
- « Notes Historiques 1890-1999 - St-Gédéon de Beauce, LE Rang IV – compilées par Rita Poulin, arrière-petite-fille de Fabien Jolin, le 7 avril 1999) pp 55-56
- « Un Souvenir pour l’Avenir, Saint-St-Gédéon de Beauce 1890-1990 – Le Centenaire de St-Gédéon) – p. 541
Mots-clés: Bûcheron Draveur Conteur Isaïe-Jolin